"Arrangements avec le végétal" Exposition novembre 2020
Les élèves de premières ES et L du lycée Grand Air de La Baule ainsi que leurs trois professeurs (Anne Morin, Soizick Jarno professeurs d’histoire-géographie et Hélène Villapadierna professeur d’arts plastiques) se sont vus décerner le Prix Annie et Charles CORRIN 2019 pour l’enseignement de la Shoah, pour un projet intitulé « Shoah, des destins singuliers » mené durant toute l’année scolaire 2017-0218. Le jeudi 24 janvier 2019, dix élèves représentant leurs camarades se sont donc rendus à Paris au lycée Louis le Grand pour présenter leur projet et recevoir le prix des mains du président du jury, Boris Cerulnik.
Inscrit dans le dispositif des actions éducatives proposées en partenariat entre l’académie de NANTES , la Région Pays de la Loire et le Mémorial de la Shoah, le projet a consisté à croiser une démarche d’enquête historique et une démarche artistique et plastique.
Les élèves ont travaillé de manière approfondie sur l’antisémitisme et sur l’histoire de 54 familles juives travaillant dans le domaine du textile et de la confection, résidant ou réfugiées en Loire Inférieure, grâce à l’analyse d’ archives (archives départementales de Loire Atlantique, de Yad Vashem à Jérusalem et du Mémorial de la Shoah à Paris), la découverte de lieux d’histoire et de mémoire (Drancy, Auschwitz-Birkenau, Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme) et la rencontre de témoins rescapés des camps ou cachés pendant la guerre (Elie Buzyn, David Perlmutter, Ginette Kolinka, Jacques Mendelovici).
Ils ont rendu compte de leur travail en proposant une exposition. Parmi toutes les familles étudiées au cours de l’année, 14 ont été retenues, car les recherches ont permis de retrouver des photos. Chaque élève a choisi une photographie et un format, qui peut aller du médaillon au format A3. Elle a été recouverte d’une pièce de tissu. Ce dernier a été choisi par chaque élève en fonction de ce qu'il a appris de la famille étudiée, de son activité dans le domaine de la confection, d'un détail vestimentaire observé sur la photo.... Le visiteur est donc invité à soulever le tissu pour découvrir une photo, une personne, une famille. Chaque élève a aussi rédigé un texte rappelant la biographie de la personne ou de la famille étudiée ainsi que son choix de présentation. Ce texte a été mis à disposition des visiteurs, qui après une approche de découverte sensible, ont ainsi accès à des informations obtenues par le travail d'enquête fait en histoire. Un film d’une vingtaine de minutes a enfin été réalisé afin de présenter cette exposition.
Anne Morin, Soizick Jarno, Hélène Villapadierna.
Lien vers un article de la revue Actualité Juive,
http://www.actuj.com/2019-01/communaute/7571-ces-ecoles-publiques-engagees-dans-un-travail-de-memoire
Louis GIRAUD 1L
La famille Besso
Jacqueline et Janine
Jacqueline et Janine Besso sont les filles de Linda Besso, elles ont un frère, Marc dit Freddie. D’origine gréco-anglaise, cette famille juive s’était installée à La Baule en 1939, à la villa Martine, suite à l’invasion allemande de la Belgique, après avoir vécu dans diverses villes européennes dont Venise et Bruxelles. Cette famille travaillait dans le milieu du textile, dans la filature de coton. Le père des enfants est mort peu avant la guerre. Jacqueline est née le 11 juillet 1924 à Bruxelles et sa sœur, Jannine, le 5 juillet 1927 à Bruxelles aussi. La famille se fait recenser le 8 novembre 1940 sous le numéro 139. Elle est arrêtée le 15 juillet 1942 puis transférée à Angers. Transférée au camp de Drancy le 13 octobre 1942, la famille sera déportée par le convoi n° 45 du 11 novembre 1942 de Drancy vers Auschwitz. Jacqueline et Janine meurent en déportation le 16 novembre 1842.
Cette photo de Janine et Jacqueline m’a touchée pour le bonheur que l’on ressent en la voyant, la pureté et l’innocence de cette jeunesse. Cette photo a été prise devant la villa Martine.
Plusieurs matières ont été utilisées pour composer ce tissu : de la toile de jouy, un tissu fleuri de roses, et des papillons en tissus. Ce sont des tissus en coton.
Ce tissu réalisé a pour but de retranscrire l’insouciance heureuse des jeunes filles. Les fleurs rouges rappellent leur vitalité, la soif de vie qu’elles inspirent. La toile de jouy, avec un motif de maison, évoque la villa Martine, on y retrouve encore des éléments végétaux. Les végétaux, les plantes sont la vie qui bourgeonne, qui croît en elles. Les papillons sont des éléments beaux, gracieux, légers quand ils volent, pleins de vie, d’insouciance aussi, mais éphémères. Ainsi ce tissu montre l’éphémère bonheur de ces jeunes filles.
VASSAL Anouk 1ère L
Mémoire textile
La photographie que j’ai choisie pour répondre au sujet « Mémoire d’Auschwitz » représente la famille Besso lors d’un repas de famille. Cette famille juive d’origine gréco-anglaise a d’abord vécu en Egypte, à Milan et Bruxelles avant de s’installer l’été 1939 à La Baule, dans la Villa Martine près de l’Avenue Cavalière. Linda, la mère, et Jacqueline, Janine et Freddy, les trois enfants âgés de 18 ans à 13ans, ont subi dans la nuit du 15 au 16 juillet 1942 la rafle organisée dans la région de la préfecture de Saint-Nazaire où ils étaient inscrits en tant que personnes juives. Après avoir été emmenés successivement à Angers, Tours et Drancy, ils ont tout les quatre été déportés au camp d’Auschwitz dans le convoi numéro 45. Aucun d’eux n’a survécu à leur déportation dans le camp d’extermination.
J’ai choisi d’utiliser la photographie les représentant dans leur quotidien, au beau milieu d’un repas avec leurs amis et famille, pour illustrer l’insouciance des familles juives comme la famille Besso avant leur déportation. Cette photographie les montre joyeux et unis et créent ainsi un contraste avec la déchirure, la blessure causée au peuple juif que j’ai tentée de représenter à travers mon tissu.
Je me suis servie de plusieurs fragments de tissu pour créer la pièce qui recouvre la photographie. Ces fragments de tissu proviennent de vêtements usagés comme des cravates ou des chemises qui, à travers leurs couleurs, peuvent rappeler celle des uniformes des déportés dans les camps de concentration ou d’extermination. En cousant les tissus les uns avec les autres, j’ai cherché à donner l’impression d’une déchirure mais également d’une « raccommodation », d’une réparation qui illustre la volonté du projet, étant de participer à la mémoire du génocide juif.
Emma PICCARRETA
1er L
« Un sac de mémoire »
Cette photo présente la famille BESSO, ici deux femmes et un jeune garçon : Jacqueline née le 11 juillet 1924 ; Jeannine ; née le 5 juillet 1927 et Freddie né le 18 février 1929. Cette famille a beaucoup voyagé, notamment en Egypte ou se crée leur industrie de textile. Ils ont également vécu à Manchester et à Milan de 1934 à 1938. Ils s’installent en 1939 à la Baule, précisément à la villa Martine. C’est à la Baule que la famille a été arrêtée par les troupes allemandes et déportée au camp d’Auschwitz.
Le choix de la pratique du tissage dans mon projet évoque les liens de famille et le cuir noir rappelle ici les sacs des jeunes femmes. J’ai sélectionné cette photo car je l’apprécie particulièrement pour son charme. C’est une photo chic avec un très beau décor et qui résume leur milieu de vie avant la déportation. Ils sont tous habillés de manière élégante devant une grande maison avec un décor ancien qui inspire la nostalgie. J’ai donc essayé de travailler sur la famille heureuse, encore inconsciente des événements futurs. Il était donc dans mon devoir de combiner avec le cuir par le tressage le matériau des sacs et les liens qui unissaient les trois membres de cette famille.
Film de science-fiction sorti en 1982, l’action de Blade Runner se déroule en 2019 à Los Angeles. Deckard, un ancien «Blade Runner», policier spécialisé dans la traque de répliquants (robot humanoïde habituellement dans l'espace), est chargé de retrouver la trace de quatre d'entre eux qui se sont introduits dans la ville. Son seul indice pour les détecter : les répliquants n'ont pas d'affectivité, donc pas de mémoire.
Cette installation est une transposition de la scène finale où Roy Batty, principal répliquant, meurt. Cette scène met en avant Batty comme une figure christique avec des stigmates : le clou enfoncé dans la main (annonce de sa mort prochaine), sang sur le visage, presque entièrement dénudé. Batty sauve Deckard. Cela amène une des problématiques principales du film : en quoi sommes-nous des êtres humains (plus que les réplicants à notre effigie) ? En sauvant Deckard, Batty fait la preuve de son humanité.
La rétro projection rappelle les ombres et jeux de lumière très présents dans la scène en question et surtout la salle de cinéma.
Louis GIRAUD 1ère L spé
Une troisième exposition de l'artiste Sylvie COULON, peintre avec les élèves de l'enseignement d'exploration Arts visuels sur le thème "D'un film: une oeuvre fixe" proposée par l'artiste, permettant une réelle initiation au montage de l'exposition et à l'accueil lors du versnissage.
Boîte d'archives d'Enora Darcel
"Pour ce projet, j'ai choisi de représenter ce qui m'a le plus marqué à Auschwitz: les cheveux. La salle remplie des deux cotés avec les deux tonnes de véritables cheveux m'a complétement bouleversée.C'est à ce moment là que je me suis rendu compte de l'horreur vécue dans ces lieux.
J'ai donc décidé de rendre hommage à toutes ces personnes qu'on avait tondues en récoltant des mèches de mes proches et connaissances. Je les ai placées dans des sachets transparents afin de les laisser visibles. J'ai ensuite agrafé sur les sachets les dates de naissance sans leur prénom, afin de rappeler les tatouages des prisonniers et la suppression de leur identité
"Pour la deuxième année consécutive, le lycée Grand Air invite dans la galerie du CDI une exposition du Frac des Pays de la Loire. Cette année, en collaboration avec une conseillère pédagogique, les élèves du collège et des écoles du secteur sont invités à participer à des présentations animées par des lycéens, médiateurs volontaires.
Cette expérience de la médiation, souvent une première pour nos élèves, est à la fois un exercice pour l'oral mais surtout une manière de voir et d'appréhender les œuvres autrement : avec un regard d'enfant."
Hélène Villapadierna, Professeur d'art plastiques lycée Grand Air, La Baule (avec la participation des élèves de l'école élémentaire Paul Minot, La Baule)